Dans l’intimité des Demoiselles

 

Le cycle de développement de l’Agrion élégant

 

Accouplement chez l'Agrion élégant
Accouplement chez l'Agrion élégant (le mâle est dans la partie supérieure de l'image, la femelle dans la partie inférieure)

 

Dès le printemps, il n’est pas rare d’observer des Agrions volant en couple, le premier individu semblant agripper l’autre en arrière de la tête à l’aide de l’extrémité de son abdomen. Cette posture appelée tandem est caractéristique de la période de l’accouplement et fréquemment de l’oviposition chez les Odonates.

 

Accouplement chez l'Agrion élégant
Accouplement chez l'Agrion élégant

 

L’accouplement lui-même conduit le mâle et la femelle à former une autre figure typique, le cœur copulatoire. Le mâle maintient toujours la femelle au niveau du cou, grâce à ses appendices terminaux. L’extrémité de l’abdomen de la femelle est pour sa part accolée aux 2e et 3e segments abdominaux du mâle.

 

Que se passe-t-il dans le cœur copulatoire ?

 

Accouplement chez l'Agrion élégant
Accouplement chez l'Agrion élégant

 

L’orifice génital du mâle est situé à l’extrémité postérieure de l’abdomen, les pièces copulatrices étant portées par le 2e segment abdominal en position ventrale. Les spermatozoïdes sont agglomérés en spermatophores, libérés par l’orifice génital postérieur et temporairement stockés au niveau de réservoirs situés au niveau des 2e et 3e segments abdominaux.
Lors de l’accouplement, les pièces copulatrices du mâle assurent le transfert des spermatophores à la femelle, l’orifice génital de cette dernière étant localisé à l’extrémité de son abdomen.

 

Oviposition chez l'Agrion élégant
Oviposition chez l'Agrion élégant (mâle et femelle sont en tandem)

 

Oviposition chez l'Agrion élégant
Oviposition chez l'Agrion élégant (la femelle est isolée)

 

À la suite de l’accouplement, la femelle dépose les œufs fécondés soit à la surface de végétaux aquatiques (ponte exophyte), soit à l’intérieur de végétaux aquatiques (ponte endophyte), selon les espèces. L’oviposition est réalisée alors que femelle et mâle sont en tandem ou alors que la femelle est isolée.

 

L’éclosion des œufs libère des individus aquatiques qui se déplacent en marchant sur le fond, respirent à l’aide de « branchies » leur permettant de prélever le dioxygène de l’eau, et se nourrissent de proies qu’ils capturent à l’aide d’appendices buccaux formant un « masque » ou « bras mentonier » articulé et muni de crochets. Le déploiement du masque permet à l’individu d’atteindre sa proie et de s’en saisir.

Par comparaison,les adultes possèdent un corps allongé et gracile, dont le thorax porte deux paires d’ailes dorsales membraneuses et trois paires de pattes ventrales. Ils volent à proximité de pièces d’eau, respirent à l’aide d’un appareil trachéen leur permettant de prélever le dioxygène de l’air et se nourrissent de proies qu’ils capturent à l’aide de leurs pièces buccales broyeuses.

L’individu issu du développement embryonnaire possède une morphologie et une anatomie relativement différentes de celles de l’adulte. De même son milieu et son mode de vie sont distincts, il peut être qualifié de larve.

 

Exuvie de Demoiselle
Exuvie de Demoiselle (dernier stade larvaire)

 

Son développement post-embryonnaire comporte des mues successives.

Une mue correspond au  renouvellement de l’enveloppe corporelle rigide, la cuticule. L’ancienne cuticule, devenue trop petite est éliminée alors qu’une nouvelle cuticule est élaborée. Souple au moment de sa production, elle autorise une augmentation en taille et en masse ainsi que le développement progressif des ailes et des pièces génitales.

Le terme exuviation est employé pour désigner l’élimination de l’ancienne cuticule, cette dernière prenant le nom d’« exuvie ». L’image de l’exuvie ci-dessus montre la ligne de rupture de l’ancienne cuticule,  les fourreaux alaires ainsi que la cuticule recouvrant l’appareil respiratoire (trachées).

Parvenu au dernier stade post-embryonnaire, l’animal subit une dernière mue le transformant en imago et coïncidant avec le changement de milieu et mode de vie. Cette dernière mue est qualifiée de mue larvo-imaginale.

Chez les Odonates, le cycle de développement dure généralement entre cinq mois et deux ans. Le développement embryonnaire est court et donne naissance à des larves qui réalisent de 10 à 15 de mues et passent l’hiver.
Une diapause embryonnaire intervient parfois, responsable de l’allongement de la durée du cycle.
C’est au printemps que l’émergence de l’imago intervient.

De par les caractéristiques de leur développement post-embryonnaire, les Odonates sont qualifiés d’Insectes hétérométaboles hémimétaboles (étymologiquement, « hémi » signifie « demi, à demi »). En effet, il est progressif et ne comporte pas de réelle métamorphose.

Les ébauches d’ailes étant externes, ce sont des Insectes exoptérygotes.

 

Pour en savoir plus sur les Odonates, consulter le site internet de la Société française d’odonatologie (adresse http://www.libellules.org)

 

Pour accéder aux images des Demoiselles et Libellules des parcs de Gerland et des berges du Rhône

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