Le cycle de développement de la Grenouille verte
Dans nos régions, la reproduction de la Grenouille verte (Pelophylax esculenta) intervient au printemps.
Après avoir passé l’hiver en vie ralentie, enfouies dans la vase ou dans la terre meuble, mâles et femelles redeviennent actifs lorsque la température s’adoucit.
Le chant des mâles se fait alors entendre, coassement attirant les femelles et précédant l’accouplement.
Le son est produit par les lèvres du larynx, jouant le rôle de cordes vocales.
L’air expulsé des poumons pénètre dans deux sacs vocaux, replis tégumentaires invaginés sous le plancher buccal. Ces derniers sont gonflés et se dévaginent à l’extérieur au niveau des fentes vocales, qui prolongent la commissure buccale. Les sacs vocaux ont une fonction de résonateur et amplifient les sons produits par le larynx.
Le chant est produit bouche fermée, ce qui rend le possible sous l’eau.
Les coassements obtenus sont particulièrement sonores et impossibles à ignorer !
L’accouplement (ou amplexus) se déroule dans l’eau.
Le mâle est agrippé sur le dos de la femelle. Il la saisit sous les aisselles à l’aide de ses pattes antérieures et se maintient grâce à des callosités rugueuses présentes au niveau de ses mains.
La femelle pond alors ses ovules (quelques milliers), entourés d’une enveloppe de consistance gélatineuse, et dont le diamètre total est de l’ordre de 8 mm.
Le mâle les arrose de sperme et la fécondation a lieu dans le milieu aquatique.
La fécondation est qualifiée d’externe dans le groupe des Grenouilles.
Le développement embryonnaire est accompli au sein de la gangue gélatineuse, dans l’eau. Il dure une semaine à une dizaine de jours.
L’individu libéré à l’éclosion se fixe sur un végétal aquatique grâce à une ventouse. En quelques jours, sa bouche se perce, des branchies externes apparaissent, une queue munie d’une nageoire caudale se développe. L’animal est dès lors mobile et s’alimente à partir de végétaux aquatiques dont il détache des particules à l’aide du bec et des dents associés à sa bouche.
Rapidement, des branchies internes remplacent les branchies externes, et la forme du corps devient globuleuse.
Le développement embryonnaire donne naissance à un individu différent de l’adulte en termes de morphologie, d’anatomie, de physiologie, de mode et de milieu de vie. Il s’agit d’une larve, le têtard.
Le têtard s’alimente activement. Sa taille et sa masse augmentent régulièrement et de manière importante pendant les 3 premiers mois de sa vie. Il atteint ainsi une longueur de 40 à 45 mm.
Pendant cette période, à la jonction entre le corps et la queue apparaissent des renflements (bourgeons) à l’origine des membres postérieurs.
Cette phase du développement post-embryonnaire est appelée prémétamorphose.
Débutent alors l’allongement et la structuration des bourgeons des membres postérieurs : pied, jambe et cuisse deviennent distincts.
La croissance ralentit alors que sont amorcées des modifications morphologiques et anatomiques.
Ces premières transformations définissent la prométamorphose, dont la durée varie de 2 à 8 semaines selon les espèces et les conditions de température et d’éclairement.
Le développement post-embryonnaire se poursuit avec l’émergence des membres antérieurs, qui se sont formés dans les cavités branchiales, invisibles initialement. La queue régresse progressivement. La locomotion par sauts devient alors possible s’ajoutant à la nage, désormais réalisée grâce aux pattes.
Les modifications morphologiques aisément observées sont accompagnées de modifications anatomiques et physiologiques plus discrètes : les poumons deviennent fonctionnels alors que les branchies dégénèrent et la respiration devient aérienne, la bouche s’élargit alors que dents et langue se développent et le régime alimentaire devient carnivore, les yeux migrent sur le dessus de la tête et des paupières protectrices apparaissent, le tube digestif raccourcit etc.
Cette phase de profond changement du plan d’organisation, du mode et du milieu de vie, prend le nom de climax de la métamorphose. Elle a une durée d’environ 2 semaines, pendant lesquelles l’individu ne s’alimente pas.
Le têtard se transforme ainsi en jeune grenouille, ou juvénile, à la faveur d’une métamorphose.
Cette dernière est composée de la prométamorphose et du climax.
Si le juvénile ressemble à l’adulte en termes de morphologie, d’anatomie, de physiologie, de mode et de milieu de vie, il en diffère par l’absence de maturité sexuelle.
Ce n’est qu’à l’âge de 3 ans que celle-ci est acquise, le développement post-embryonnaire se poursuit donc pendant 2,5 ans environ après la métamorphose.
Dans le cas d’accouplements et de pontes tardifs, intervenant en début d’automne, les têtards passent généralement l’hiver au stade prémétamorphose. Ils atteignent fréquemment des tailles et masses plus importantes que celles des têtards issus des pontes de printemps. Le développement post-embryonnaire est alors allongé, la métamorphose intervenant au printemps de l’année suivant la ponte.
Pour en savoir plus, consulter le site Doris (Données d’observations pour la reconnaissance et l’identification de la faune et de la flore subaquatique), rubrique « Faune et flore dulcicoles de France métropolitaine », chapitre « Amphibiens »
Pour accéder aux images des Vertébrés des parcs de Gerland et des berges du Rhône